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Interview

 

OUKACI Boumediene,

Président Directeur General du CTC

 

« L'INNOVATION ET LA DIGITALISATION

DE NOS SERVICES SONT

NOS OBJECTIFS MAJEURS »

 

 

C'est une interview qui marque le 50e anniversaire de l'Organisme National de Contrôle Technique de la Construction (CTC). Son Président Directeur General, Boumediene Oukaci revient dans cet entretien sur le parcours de son Organisme durant un demi-siècle d'existence ainsi que sur les différents chantiers de réforme et de modernisation lancés ces dernières années par le CTC. Il s'agit aussi d'aborder le virage numérique que l'Organisme a tenu à bien négocier.

 

 

L'Organisme National de Contrôle Technique de la Construction que vous présidez vient de fêter son cinquantenaire. Quel bilan faites-vous de ces cinq décennies d’existence ?

En effet, l'Organisme National de Contrôle Technique de la Construction vient de fêter ses 50 ans d'existence, une période durant laquelle cet organisme œuvrait à appliquer les normes règlementaires de sécurité des infrastructures et la protection des habitants à travers les deux missions qui sont les siennes, à savoir le Contrôle Technique et le Diagnostic et Expertise.

 

Durant ses cinquante ans d'existence, le CTC a été au cœur de plusieurs ouvrages emblématiques, dont le complexe olympique Mohamed Boudiaf, le Monument des Martyres, Djamaa El Djazair et plusieurs autres projets, dont les grandes universités du pays. Il faut que vous sachiez que le CTC emploie aujourd'hui plus de 800 ingénieurs, dont 200 spécialistes dans les grands projets d'équipements ; une main-d’œuvre de qualité qui renforce l'expertise de notre organisme, vieille de cinquante ans déjà. Bien évidemment, le CTC doit relever encore plusieurs défis, qui ne sont pas des moindres, et demeure au cœur de la politique du logement des autorités. Il s'agit d'œuvrer à satisfaire les exigences des services publics, notamment en matière de mise en œuvre des procédures et des normes relatives au contrôle des grands travaux et les éléments y afférents en vue de s'assurer de leur conformité avec les règles et les standards de construction.

 

On ne peut pas parler aujourd'hui du CTC sans évoquer ses premiers ingénieurs ayant relevé le défi pour mettre sur pied cet organisme devenu une référence au fil des années, dont son fondateur et premier responsable, Mohamed Khaoua. Quel parallèle peut-on faire entre ces références historiques et la nouvelle génération ?

En effet, la création et le parcours du CTC durant ses cinquante ans d'expérience ont été jalonnes de succès et de sacrifices. On ne peut pas parler, aujourd'hui, du CTC et de ses succès sans parler de nos ainés et leurs sacrifices afin que l'Algérie soit dotée d'un organisme aussi performant que le CTC. Mes pensées et mes hommages vont vers Mohamed Khaoua, Farouk Tebbal et autres cadres qui étaient à l'origine de la création et des succès de notre organisme.

 

Leurs sacrifices ne sont pas vains. Preuve en est que le CTC est encore là pour accompagner et répondre aux exigences des autorités en matière de contrôle et de sécurité des infrastructures.

 

Vous avez lancé plusieurs chantiers de réforme et de modernisation au niveau du CTC, d’autres en cours de lancement. Pouvez-vous nous en parler ?

Effectivement, le CTC œuvre actuellement à concrétiser et à faire aboutir plusieurs chantiers de modernisation et de réforme. Il s’agit, notamment, de la modernisation et la numérisation de ses services. Mais pas seulement. Le CTC a lancé ces dernières années plusieurs autres projets de développement, dont la réorganisation de l’Agence, unité opérationnelle du CTC, de l’instrumentation du contrôle, de la restructuration et parachèvement d’un corpus réglementaire, de la gestion du risque par l’approche AMDEC, l’intégration du S.I.G dans le contrôle technique, le lancement de DIMA, une plateforme dédiée à la gestion des risques et à l’évaluation des constructions post-catastrophe, le monitoring des ouvrages ainsi que le chantier de gestion des compétences par l’évaluation et la formation continues.

 

Le lancement de l’application DIMA se veut un pas non des moindres sur le chemin de la numérisation et de la digitalisation des solutions appropriées par le CTC. Il s’agit d’une plateforme numérique permettant de fournir les informations instantanées sur l’état des constructions en cas de catastrophes.

 

Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville a appelé à exporter l’expertise du CTC vers les pays de la région. Comment ce projet peut-il se réaliser à votre avis ?

Le CTC a une grande expérience en matière d’évaluation post-catastrophe. Nous avons développé les moyens de cette évaluation en passant par les fiches uniques à une fiche complètement digitalisée à travers la création de la plateforme numérique ‘‘DIMA’’. Ce qui nous a poussés à nous orienter vers la digitalisation des moyens d’évaluation est le souci de passer d’une évaluation locale à une évaluation globale à travers l’usage d’une méthode scientifique établie par le professeur Mebarki de l’université Gustave Eiffel de France. Cette méthode, qui a fait l’objet d’une publication scientifique à l’étranger, est basée sur la capacité résiduelle de l’ouvrage suite à une catastrophe tel que le séisme, en tenant compte des dégradations locales déclarées par les ingénieurs. Il s’agit de calculs mathématiques pour une évaluation globale de l’état d’un ouvrage suite à un séisme.

 

Nous avons ensuite mis en place une plateforme numérique dont l’évaluation digitale en est le principal module, mais élargie à tous les acteurs et les institutions concernées par la gestion post-catastrophe.

 

C’est un produit qui est une solution technique basés sur un concept scientifique qui répond à un problème technique susceptible d’application industrielle que nous pouvons proposer à l’exportation. C’est un produit très concurrentiel qui n’existe nulle part ailleurs dans les pays de la région.

 

Nous sommes en train de développer davantage la plateforme DIMA pour l’élargir à l’évaluation du bâti existant. Le CTC est sur un autre projet qui représente une continuité des autres projets que je viens de citer, à savoir le monitoring qui est un dispositif instrumenté de surveillance des ouvrages qui consiste à mettre des capteurs sur l’ouvrage lors de sa réalisation ou après et de surveiller l’évolution de l’ouvrage dans le temps et le comportement de la structure et détecter d’éventuelles fragilités dans le temps. Nous sommes en train d’acquérir les équipements nécessaires à ce projet afin de l’intégrer très rapidement dans les constructions, à commencer par les ouvrages stratégiques. Ce sont là les deux créneaux qui permettent au CTC d’exporter son expertise.

 

Assurément, les technologies et les instruments techniques de contrôle et d’expertise en matière de bâtiment et de la construction évoluent constamment. Que fait le CTC au plan de la formation et de la gestion de ses compétences ?

Il faut que vous sachiez, d’abord, que le CTC a une veille générale dans laquelle sont intégrées la veille réglementaire et la veille technologique. Cette veille nous permet d’être à l’affut de tout ce qui est innovant. Dans nos formations, nous avons intégré également une importante partie dédiée à la veille réglementaire et technologique, en plus des formations dédiées au monitoring. C’est dire que tous les projets lancés par le CTC sont suivis d’ateliers de formations qui leurs sont dédiés. Je peux vous dire que l’un des points fort du CTC est la formation du personnel qu’il soit technique ou bien administratif.

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Nous comptons d’ailleurs mettre sur pied l’école nationale du CTC pour la formation de nos ingénieurs, mais qui sera dédiée aussi, à moyen terme, au secteur national de la construction. Nous comptons lancer également sur la plateforme DIMA un simulateur de formation sur l’évaluation des ouvrages.